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1493 - 2024
Histoire de la Société de Tir de la Ville de Fribourg
L'origine de la Confrérie
II est impossible de fixer avec précision les dates de l'apparition de la société de tir. Aussi loin que remontent les comptes des trésoriers, disponibles aux Archives de l'Etat, on trouve, mentionné dans les registres, l'exercice du tir, organisé et subventionné par l'Etat. Les débuts remonteraient au milieu du XlVe siècle.
Dès 1374, Fribourg avait à son service un «maistre arbellestrier», qui ne fut probablement pas le premier. Un certain Petermann, de Duens (Guin), fut son successeur de 1388 à 1397 et la même année un certain Fritzmann, de Worms (Allemagne) fut engagé pour dix ans.
A côté de celle des arbalétriers, il existait une société de tireurs à l'arc, également organisée et subventionnée par l'Etat et qui, dès 1430 avait acquis sa propre autonomie. Notons que le mot « société » utilisé ici ne saurait se référer aux sociétés que définit la législation moderne.
Dès 1401, les «tireurs de boîtes » (Büchsenschützen) ou canonniers apparaissent, organisés eux aussi en sociétés, mais engagés et soldés par l'Etat en échange de leurs prestations en faveur de la cité.
Ces trois sociétés paraissent avoir coexistées dès la fin du Moyen Age.
Pour répandre la pratique du tir et stimuler l'adresse des tireurs, on organisa dès 1402, à Fribourg comme ailleurs dans la Confédération, des exercices que l'on appelait «tirs à la fleur». On les faisait volontiers coïncider avec certaines circonstances solennelles, comme le serment de Combourgeoisie entre Berne et Fribourg, dont le renouvellement donna lieu en 1407, 1421 et 1453 à des fêtes.
Comme places de tir, les tireurs disposaient à cette époque-là de la Planche supérieure (place sise en face de l'ancienne caserne de la Planche), devant la Porte de Morat et sur la place au-delà de la Porte de Romont, aujourd'hui Grand-Places (Schützenmatte) dont le restaurant est construit sur l'emplacement de l'ancien stand.
Les tireurs constituaient l'armée de la Ville. C'est ainsi qu’en 1447-1448, Fribourg soutint avec ses tireurs, pendant sept mois, une lutte acharnée contre la Savoie. Consécutivement, en 1461, a eu lieu la grande organisation militaire de la ville avec la formation de 24 compagnies dites de voyage, en dehors des métiers, auxquelles se sont jointes 22 compagnies des anciennes terres. Les tireurs étaient choisis parmi les chasseurs. C’est dans cette formation qu’ils ont pris part à la bataille de Morat en 1476.
Ils ont grandement contribué à ce qu'en 1478 Fribourg devienne une Ville libre et que le canton soit admis au sein de la Confédération helvétique en 1481.
Chaque abbaye et confrérie avait son patron et son autel dans une des églises de la ville. C'est ainsi que lors de la séance du 22 janvier 1493, le Petit Conseil (l'actuel Conseil d'Etat) a décidé que l'ancien autel Saint-André deviendrait l’autel St-Sébastien et serait offert à la Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien ; quoique l’actuelle société de tir de la ville de Fribourg n’en soit pas propriétaire, cet autel existe encore.
Protokoll des Kleinen Rates N° 10, fo 106 v
UffVncentiiLXXXXIII
Henr Petermann von Foussignier, der Spittelmeister, und min Herren haben minen Herren Meistern und Gesellen der Bruderschaft Sannct Sebastians die Gabung und Hehung Sannct Andréas und Sannct Glauden Altars zu Sannct Niclausen Kilchen gegeben, doch das die Heiligen, zu deren Ere der gestifft ist, doselbs beliben, und si mogen Sannct Sébastian ouch an den End setzen. Inen ist ouch das Holgrab gegeben worden, so verr das das Herren Petermans Memory dort in der Bruderschaft Buch gesetzt wird.
C'est en se basant sur ce premier témoignage écrit que le comité et l'assemblée générale extraordinaire de la Société de tir de la Ville de Fribourg du 1er décembre 1981 ont décidé de considérer comme année de naissance de la Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien l’An 1493 et adopté les nouveaux statuts.
De la Confrérie à la Société
En 1561, la Confrérie se constitua en corporation des tireurs, plus tard des carabiniers. Elle se donna une organisation nouvelle et de nouveaux statuts. Comme elle regroupait l'élite des défenseurs de la Cité, le gouvernement la prit sous sa protection et lui donna un local à l'abbaye du chasseur (rue des Bouchers-Metzgerngasse) dans le même immeuble que celui occupé par l'abbaye des nobles. L'Etat par contre retira ses bonnes grâces et ses subsides à l'ancienne abbaye des arbalétriers qui fut dissoute définitivement vers 1591.
Le 29 mai 1691 est une date importante. La corporation se donnait une nouvelle vie par l'élaboration d'un règlement en 26 articles, destiné à mettre fin aux abus – festins et beuveries - qui avaient provoqué sa dissolution. Cette charte de 1691, complétée et révisée en 1697, 1707, 1713 et 1723, régit la Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien jusqu'en 1760. La révision des statuts qui a lieu en 1760, apporte aux règles de la Confrérie une importante innovation: elle consacre l'admissibilité régulière de non-bourgeois, qui jusqu'alors, n'avaient été admis qu'à titre de faveur ou d'exception.
Quant aux événements marquant la vie de la société, ils sont consignés dans les protocoles que conservent les archives de la société/confrérie. Deux de ces protocoles sont particulièrement intéressants: l'un intitulé «BOTTBUCH (soit protocoles) Sancti Sébastian! Bruderschaft»; l'autre « SCHUETZEN-BRUDERSCHAFT RECHNUNGSBUCH (livre de comptes) »; ces deux registres ont été ouverts en 1691.
Ces livres, les dossiers et les différentes écritures, de 1691 à nos jours, sont conservés aux Archives cantonales de Fribourg. Le « BOTTBUCH » et le « RECHNUNGSBUCH » donnent par la suite de nombreux renseignements sur la vie de la Confrérie. Si le « Bottbuch » témoigne de la consciencieuse exactitude du secrétaire de la Confrérie, le « Rechnungsbuch » peut, de son côté être cité comme un livre de comptabilité exemplaire. Quelques-uns des « Schützenmeister » ont ainsi orné les pages de ces livres de leurs armoiries familiales. C'est ainsi que le livre des comptes de la Confrérie s'ouvre par une page d'enluminures: en haut, les armoiries de l'Etat accolées à celles de la Confrérie, surmontées des armes de l'Empire; au-dessous, les armoiries des trois « Schützenmeister » de 1691: Hans Franz Amman, Jacob Fellmann et Niklaus Schœnenweid. Plus loin, nous trouvons les armoiries des « Schützenmeister » de 1712: Petermann Montenach, Franz Peter Moehr et Johann Bardy. Dans les pages de ces deux livres, toute la vie de la Confrérie s'y trouve consignée.
Dans ce même « Rechnungsbuch », une aquarelle de 1712 présente les armoiries de notre société/Confrérie qui, aujourd'hui encore, sont utilisés sur nos papiers officiels.
Un nouveau règlement de tir a été promulgué le 12 février 1693. Il introduit le rôle des trois « Schützenmeister » et règle également toute la technique du tir.
En 1707, le Conseil fut amené à prendre diverses mesures qui se rapportaient à l'administration financière de la Confrérie. Par décision du 11 avril 1707, il règle les dépenses liées à la fonte de l'étain par 5 couronnes, ainsi que les frais de repas limités à 30 couronnes.
En 1723, la Confrérie courait pourtant à la ruine, du fait de la prodigalité et des abus, notamment les repas de la bénichon. Aussi, l'Etat imposa-t-il un règlement daté du 17 avril 1707 plus sévère qui supprimait le repas de bénichon, les dépenses excessives et les réjouissances à la suite de la fonte de l'étain. Le nombre des membres de la Confrérie n'a jamais beaucoup varié: il a toujours oscillé autour des 200 membres.
La Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien exerçait une suzeraineté (Lehnsherrlichkeit) sur les sociétés de tir environnantes. Chacune d'elles devait lui demander son autorisation pour la tenue des tirs francs (Freischiessen) et devait payer, en échange de cette autorisation, une taxe de 1 livre et 1 sol. Ce fut le cas en 1765 pour les Sociétés de tir de Treyvaux, Corpataux, Praroman, Posieux, Cottens et Mouret; en 1770, pour Bösingen et Ecuvillens. En 1776, le gouvernement retira ce privilège à la Confrérie qui, au lieu d’utiliser ces sommes pour l’exercice du tir, les dépensait, encore et toujours, dans des libations et autres repas gargantuesques.
Près de cinquante ans plus tard, une fois passées la Révolution helvétique (1798-1803) et l'ère napoléonienne (1803-1813), l'assemblée décida en 1823, l'acquisition d'un nouveau drapeau pour défiler lors du grand Tir de Berne.
La Fête du Royaume/Le Jeu des Rois
Les « Jeux des Rois » étaient une tradition qui se déroulaient dans plusieurs villes d'Europe dès le Moyen-Age. Ils ne sont pas tirés d'un « Officium Stellae » liturgique mais force est cependant de constater que toutes ces manifestations trouvent leur origine dans le même texte évangélique: le récit de la visite de l'Enfant Jésus par les Mages, rédigé par Saint-Mathieu. A ce texte s'ajoutaient quelques traditions et réjouissances païennes romaines et locales.
A Fribourg, l'imbrication du jeu dans les cérémonies de l'Epiphanie, de même que les rôles royaux attribués au clergé paroissial et aux aumôniers des différentes abbayes organisatrices, ainsi que la procession d'entrée en l'église Saint-Nicolas, font penser à une étroite relation entre liturgie et fête populaire.
Les premières références à ce « Jeu des Rois » se trouvent dans les comptes des trésoriers en 1425. En 1534, le Conseil de Berne interdit aux Bernois de se rendre à Fribourg pour participer à cette loufoquerie (Verrucktheit). A la suite des réclamations des participants qui trouvaient le Jeu trop coûteux, une nouvelle réglementation fut adoptée en 1578 entre les Confréries/Abbayes, les Familles bourgeoises et le Petit Conseil.
La dernière représentation traditionnelle s'est tenue le 6 janvier 1798, celle-ci ayant été interdite lors de l’arrivée des troupes napoléoniennes…
A l'occasion de son demi-millénaire en 1993, la Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien, Société de tir de la Ville de Fribourg, a restauré le « Jeu des Rois » le samedi 23 janvier 1993.
Tirs cantonaux et Tirs fédéraux
Le XIXème siècle est celui de la naissance des associations faitières fédérales et des premières grandes fêtes cantonales et fédérales de tir. En 1824, une délégation de la Confrérie se rendit d’ailleurs à Aarau pour la création de la Société suisse des carabiniers.
Du 15 au 20 mai 1825, la Société des carabiniers de la ville de Fribourg organise le premier Tir franc/cantonal. Les tireurs de Vaud, Berne, Lucerne, Glaris, Zoug, Schwyz, Unterwald et Valais participent à ce tir.
A l'occasion du Tir cantonal à Bulle en 1831, la Société des carabiniers de la ville de Fribourg participe à la fondation de la Société cantonale des tireurs fribourgeois, la SCTF.
Elle organise ou participe à l'organisation du Tir cantonal à Fribourg en 1832, 1838, 1841, 1848, 1856 et, sous le nouveau nom «Société de tir de la ville de Fribourg », celui de 1905. C'est en 2004, en compagnie de toutes les sociétés de tir du district de la Sarine, qu'elle co-organise le tir cantonal fribourgeois, dont le comité d'organisation est présidé par le div André Liaudat, Président d'honneur de la société.
Du 22 au 29 juin 1829, Fribourg, associé à Morat, Bulle, Châtel-St-Denis et Dirlaret, a organisé le premier Tir fédéral mis sur pied dans le canton; il se déroule sur les Grand-Places (Schützenmatte) à Fribourg et est doté de prix d’un montant de 12'850 livres. Le roi du tir fut un certain Friedrich Rauss, de Fribourg.
Du 31 juillet au 9 août 1881, la Société de tir de la Ville de Fribourg organise, seule, le deuxième Tir fédéral en terres fribourgeoises, sur la colline du Schönberg à Fribourg. On peut situer la place de fête là où se trouvent actuellement les jardins familiaux et le stand approximativement à l'emplacement de l'école du Schoenberg, la ligne de tir étant orientée vers le haut. Notons à titre anecdotique qu'il avait été clairement indiqué de chaque côté du pont suspendu des Zähringen qu'il était strictement défendu de le traverser en marchant au pas. Comme on le sait, les ponts suspendus sont fragilisés et peuvent s'effondrer lorsqu'un rythme leur est imprimé par exemple par le vent, mais aussi par une colonne nombreuse marchant au pas; cette interdiction provoqua malheureusement la mort accidentelle d'un ouvrier chargé de fixer la pancarte !
Finalement, il y eut encore le tir fédéral de 1934, du 20 juillet au 6 août organisé hors des murs de la Ville, à Givisiez, les cibles étant situées approximativement au pied du bois de la Faille sur la route appelée opportunément aujourd'hui "Route du Tir Fédéral"!
Profil politique
Il est difficile de tracer le profil politique de la Société des carabiniers tant elle se mêle peu aux débats politiques du canton, ses statuts le lui interdisant.
Les années qui s'étalent de 1848 à 1853 environ, portent pourtant encore la marque d'un radicalisme visible dans la ferveur à défendre le nouveau gouvernement contre les attaques des conservateurs du Sonderbund. C'est à cette période que la Société des carabiniers de la ville de Fribourg milite afin que l'Ecole polytechnique soit attribuée à Fribourg.
Muets, les protocoles le sont aussi sur les grands événements internationaux. Seul le conflit de 1856 entre Neuchâtel et la Prusse, suscitant une mobilisation dans toute la Suisse, échappe à cette règle.
Le Sonderbund
Le protocole de la séance du 6 octobre 1850 porte en marge le mot «insurrection » en caractères gras. Le président Louis Ducrest, fait connaître au comité qu'une nouvelle insurrection a été menée par l'instituteur Nicolas Carrard dans le but de renverser le gouvernement radical et ses institutions. On convoque l'assemblée générale pour le jour-même afin que celle-ci offre ses services au Gouvernement. La Société propose de donner plein pouvoir au Conseil d'Etat pour agir contre les auteurs de l'insurrection en fonction de la loi et de renoncer à toute amnistie. Un seul mot et la Société des carabiniers marchera pour réprimer la rébellion et défendre les lois progressistes du canton.
Une lettre de 1850, adressée à la Préfecture pour l'obtention de subventions, s'excuse toutefois du faible nombre de membres encore membre de la société en raison des exclusions pour participation au Sonderbund et désertion de la Garde civique ce qui tendrait à démontrer que le Sonderbund divisait aussi les tireurs entre eux.
En 1851 puis en 1852, plusieurs membres furent exclus du fait de leur conduite politique qui a prétérité l'image de la société ou pour avoir assisté à l'assemblée réactionnaire de Posieux le 24 mai 1852 qui avait réuni 15'000 citoyens.
A la suite de la protestation du sociétaire Pittet qui ne voulait pas se prononcer, le comité examine les exclusions de 1851 et 1852. L'Assemblée générale, très tolérante, vote la réhabilitation en bloc. Les exclusions de 1848 sont cependant maintenues.
L'affaire de Neuchâtel
A la fin de l'année 1856, la Prusse masse ses troupes aux frontières de la Suisse. La Principauté de Neuchâtel en est l'enjeu. Toute la Confédération s'en émeut. Le Comité cantonal des carabiniers fribourgeois invite, dans une lettre « qui renferme le plus pur patriotisme », toutes les Sociétés de carabiniers à s'organiser en corps militaires conformément au règlement fédéral du 17 juillet 1840 et aux vœux du Comité fédéral des carabiniers. On fait circuler une liste de souscription, obligatoire pour les sociétaires qui ne font pas déjà partie des troupes d'élite ou de réserve. La liste est déposée à la police locale. Le major Hartmann, membre de la Société, aura la responsabilité d'instruire cette compagnie.
On vote la nomination des officiers et sous-officiers chargés de le seconder. Le conflit se résoudra, comme on le sait, sans coup tiré, en faveur de la Suisse, mais grâce à l'intervention de Napoléon III et à la fermeté de l'Angleterre.
Une intervention en faveur du Polytechnique
Le 11 mai 1851, une motion du sociétaire Louis Ducrest demande à la Société d'encourager le Conseil d'Etat à réclamer pour Fribourg l'Ecole polytechnique en voie d'attribution. L'Assemblée générale, qui « ne saurait rester étrangère à la prospérité matérielle, scientifique et politique du canton », adopte la proposition et rédige une lettre à l'adresse du Conseil d'Etat. Elle la motive en se fondant sur les démarches infructueuses pour obtenir une diminution des frais de guerre consécutifs au Sonderbund. « Les patriotes fribourgeois n'ont-ils pas assez souffert pour la cause nationale qui a triomphé en 1847, commente la lettre! Les établissements fédéraux deviendraient-ils le monopole de quelques grands cantons déjà tant favorisés sous d'autres rapports? ».
Neutralité et solidarité
II est possible, à travers les dons accordés par la Société à d'autres organisations, de se faire une idée de sa place dans la ville et dans le canton.
Un exemple de solidarité avec le canton: le 11 mars 1852, la Société verse Fr. 50.--, après hésitation ( !) à la souscription nationale pour le paiement de la dette du Sonderbund.
En 1900, on accorde Fr. 20.-- à la Société de développement de Fribourg.
En 1853, Fr. 25.-- sont versés pour l’édification d'un monument à la mémoire d'Arnold Winkelried demandé par le Comité de Stans, puis en 1874, de même pour celle d'un monument en l'honneur du général Herzog.
En 1913, une souscription est lancée pour la création de l'aviation militaire suisse.
Une tombola est organisée afin d'offrir un nouveau drapeau à La Landwehr de Fribourg et elle devient marraine du drapeau de la société des carabiniers de Vuisternens-en-Ogoz, béni le 31 juillet 1921.
En faveur des sinistrés: en 1720, 3 livres aux incendiés de Domdidier; en 1723, autant aux incendiés d'Autigny; en 1724, 4 livres 10 sols aux incendiés de Treyvaux, d'Attalens et de Cugy. En 1728, ce sont les incendiés de Barberèche; en 1736, ceux d'Engertswil/St.Ours; en 1727, ceux de Russy, et en 1728, des familles sinistrées à Fribourg. En 1729, c'est Rueyres-Saint-Laurent; en 1730, Dirlaret, Guin et Cheiry; en 1733, Granges et Cormondes; en 1748, Rue et La Roche; en 1749, Montborget; en 1750, Villaz-St-Pierre; en 1753, Guschelmuth, Neyruz, Cottens, Bussy; en 1754, Ménières et Lossy; en 1764, Noréaz et Cressier ont bénéficié des subsides de la Confrérie. Mais également en 2025, la Société soutient une famille de jeunes tireurs ayant tout perdu dans un incendie.
A côté du secours apporté aux sinistrés, on trouve les subsides en faveur des églises. En 1746, on note un don de 50 livres aux Cordeliers pour la reconstruction de leur église. En 1770, on vota en faveur d'un don pour la bâtisse de l'église de Grangettes, qui avait été incendiée. En 1833, la Société souscrit un don de Fr.40.-- pour l'établissement de l'orgue de la Cathédrale Saint-Nicolas à Fribourg.
Les Stands de tir
Arc et arbalètes
Jusqu'en 1441, il y avait une place de tir à la Planche supérieure en vieille Ville de Fribourg (Obere Matte) et une autre près de la Porte de Morat. Ces deux places de tir étaient notamment utilisées par les tireurs à l'arc (Bogenschiessen) et à l'arbalète (Armbrustschiessen). Dès 1441, les tirs ont lieu sur la pelouse des Grands-Places.
Arquebuses, fusils et tir à 300m
La maison de tir, l'actuelle auberge des Grands-Places, fut reconstruite en 1515 et restaurée en 1566, 1620, 1705 et en 1768 par l'Etat. C'est là qu'eut lieu le Tir fédéral de 1829, le premier organisé à Fribourg.
En 1832, à l’occasion de sa fondation, la Société cantonale des carabiniers organisa un grand tir franc (Tir cantonal) qui se déroula à Fribourg du 24 au 29 juin dans ce stand. A cette occasion, l'ancien stand fut démoli et remplacé par un nouveau; les cibles étaient distantes de 180 m et placées au Botzet. En 1885, on rajouta une nouvelle ciblerie à 300 m, située aux environs de l'actuel chemin des Cibles, entre la Rue Frédéric-Chaillet/Rue du Simplon, dans le quartier de Pérolles, où l'on tira pour la dernière fois les 25 et 26 juin 1899. La sécurité n'était en effet plus garantie pour les passants du nouveau boulevard de Pérolles! La ciblerie fut rachetée par les propriétaires du terrain et l'auberge, avec le stand, fut vendue à la commune de Fribourg. La Société disposa dès lors d'un capital qui, en 1904, atteignait Fr. 84'000.--.
Il fallut donc chercher un nouvel emplacement de tir et en attendant, une installation provisoire fut érigée à Planafaye, à Villars-sur-Glâne, où l'on tira de 1900 à 1905. Pendant ce temps, les tireurs des quartiers de la Basse-Ville qui préconisaient l'établissement d'une ligne de tir aux Neigles eurent gain de cause et la commune de Fribourg y construisit, en 1904, le stand et la ciblerie. Le stand est encore visible tandis que les falaises de molasse, au-delà de la station d'épuration, portent encore les stigmates des tirs visibles dans la molasse. De son côté, la Société de tir de la Ville de Fribourg, qui ne pouvait exécuter aux Neigles son programme traditionnel de tir en raison de l'exiguïté des installations, fit l'acquisition à Grangette, (Daillettes), à Villars-sur-Glâne, de 25'000 m2 de terrain pour Fr. 3'000.--/ pose pour y construire la ligne de tir. Nous devons cependant reconnaître que cet emplacement était mal choisi en raison des dangers que revêtait le tir aux armes de guerre. Cette ligne de tir fut inaugurée par un tir franc du 26 au 30 août 1906. La ciblerie comprenait 16 cibles à 300 m, 4 cibles à 400 m, et 5 cibles à 50 m.
Puis survint la guerre 1914-1918 qui eut pour conséquence la suspension prolongée des exercices de tir, en raison du manque de munitions destinées aux sociétés de tir et réservées à l'armée.
A la même époque, l'introduction de la nouvelle munition (GP 11) nécessita un renforcement des moyens de protection mais la Société ne fut pas en mesure d'assumer ces nouveaux frais. C'est dans ces circonstances qu'on trouva un amateur pour acheter toute la propriété au prix de Fr. 59'000.--.
A la suite de l'intégration des sociétés de tir « Jeunes Patriotes » et « la Sentinelle » à la Société de tir de la Ville de Fribourg le 20 mars 1920, le dernier stand à 300m propriété de la société fut construit dans le prolongement de celui de la commune, aux Neigles à Fribourg.
Mais en 1958, le Grand Conseil fribourgeois adopta le projet de la construction du barrage de Schiffenen; le futur lac monterait jusqu'aux Neigles et la commune de Fribourg et la Société de tir de la Ville se voyaient contraintes d'abandonner cette ligne de tir. C'est ainsi qu'à la fin de la saison de tir 1963, les deux stands furent fermés. Aujourd'hui encore, les deux bâtiments existent et servent de dépôts communaux et de locaux à des sociétés sportives. Depuis lors, les tirs ont eu lieu aux stands de Guin, Belfaux, St-Ours puis au stand militaire de la Montagne de Lussy à Romont. Depuis 2006, un contrat permet aux tireurs sportifs de la Société de tirer à Marly.
Fusil et pistolet à air comprimé - tir à10m
Un premier stand aux armes à air comprimé fut installé dans les sous-sols du Café du Jura à Fribourg qui comprenait 8 lignes. En 1976, le stand à 10m fut transféré dans les abris PC de l’école du Jura grâce à la compréhension et à l’appui de la Ville de Fribourg. Il comprenait 16 lignes mécaniques.
Grâce au travail et à l’engagement des membres de la section, près de fr. 100'000.-- ont été réunis, notamment en organisant la finale cantonale 2002, afin de moderniser la ligne en l’équipant de 16 cibles électroniques. Depuis, les activités s’y développent en accueillant des finales suisses universitaires, les entraînements de la relève nationale et romande ou de nombreux concours régionaux en plus d’innombrables concours, championnats de sections, concours de district.
En 2021, la section fusil air comprimé a lancé un projet de rénovation du stand. A l’origine, les installations électroniques de première génération étaient censées durer 10 ans, mais après 20 ans et quelques menus travaux, elles étaient encore là, mais en fin de vie et il fallait songer à passer à une nouvelle génération. Il s’agissait aussi de mettre le stand aux nouvelles normes internationales, notamment s’agissant de la lumière.
L’Assemblée générale de la société accepta en 2022 un crédit d’engagement de 80'000.-. Finalement, ce sont près de 100'000.- qui furent investis, mais grâce à des dons, notamment de la Loterie Romande et des membres, et à du sponsoring, les dépenses à la charge de la société se sont élevées à moins de 50'000.-. Le nouveau stand a ainsi pu être inauguré lors de la fête de la Saint-Sébastien 2024.
Pistolet distances 25 et 50m
En 1975, les Sociétés de Fribourg et Marly ont uni leurs efforts et leurs moyens financiers afin de construire à Marly au lieu-dit « Faveyres » un stand pistolet et fusil petit calibre doté de 10 cibles à 25m et 12 cibles à 50m sur un terrain appartenant à une vieille famille locale, les deux sociétés bénéficiant d’un droit de superficie de 30 ans. A cette occasion, la Société de tir de la Ville a investi l’argent reçu lors de la vente du stand des Neigles, soit près de Fr. 180'000.--, plus Fr. 100'000.-- empruntés sans intérêt à la Ville de Fribourg, Marly ajoutant le solde nécessaire de près de Fr 80'000.--. En 20 ans, l’emprunt fut remboursé grâce à l'organisation de dizaines de lotos et tombolas. L’équipe dirigée par Michel Javet avait même réussi à mettre un peu d’argent de côté, transformant le coin buvette en un véritable restaurant, gage d’une situation financière sereine, le tout malgré un incendie criminel – de la main d’un pompier marlinois - qui ravagea le stand en 1987. En 2005, après plus de 20 ans de négociation ( !), les héritiers propriétaires du terrain acceptèrent enfin de vendre leur terrain pour un montant de Fr. 100'000-. Dorénavant, Fribourg est redevenue (co)-propriétaire immobilière !
Ces installations ont fait l’objet d’incessantes rénovations et de remise en état, notamment afin de suivre le développement réglementaire : les buttes ont été transformées, des récupérateurs de plomb ont été installés, la section petit calibre de Marly a installé des cibles électroniques.
La buvette est un souci constant. Son exploitation apporte des liquidités financière appréciables, mais la gestion des gérants… engendre aussi de nombreuses difficultés.
La Société et « ses » sociétés-filles
La Société cantonale des tireurs fribourgeois
La Société cantonale des tireurs fribourgeois qui avait été fondée en 1831 à Bulle exista, semble-t-il, jusqu'en 1870. Depuis ce moment-là, on ne trouve plus trace de son existence. C'est sur l'initiative de la Société de Tir de la Ville de Fribourg que fut fondée, lors de la première assemblée le 9 juin 1895, la nouvelle Société cantonale des tireurs fribourgeois où furent élaborés et approuvés les nouveaux statuts. Le Comité cantonal était composé par nos membres. Pierre Kolly, président, E. Perrier (procureur-général), vice-président, C. Clerc (juge), H. Fragnière, secrétaire; J. Brulhard, Gretener et Pilloud, membres.
La Société de Tir de la Ville de Fribourg au XXème siècle
En 1904, le Président cantonal, Pierre Kolly, également Président de la Société de Tir de la Ville de Fribourg, eut comme successeur notre membre et confrère, Paul Moehr qui resta en charge jusqu'en 1920.
En 1905, la Société de tir de la Ville de Fribourg organisa le Tir cantonal à St-Barthélemy, dans le quartier de Bellevue à Fribourg. Sa réussite fut complète.
En 1920, le président Paul Moehr, initiateur de la fusion des Sociétés de tir « Jeunes Patriotes » et celle fondée par Louis Comte, "La Sentinelle", passa son mandat de président à Léopold Daler qui resta en charge jusqu'à 1925. Sous sa présidence, le poste de révérend chapelain fut restauré en 1921. Le Chanoine François Ducrest a rempli ce mandat jusqu'en janvier 1926. Son successeur fut le Chanoine, puis Prévôt de la Cathédrale, Mgr Paul von der Weid, fonction qu'il a exercée durant 56 ans, jusqu'à son décès le 4 janvier 1982.
Après le tir cantonal de 1905 à Fribourg, l'honneur d'organiser le Tir fédéral en 1934 revint à Fribourg. Lors de l'Assemblée générale de janvier 1931 déjà, présidée par Alfred Corboud, elle nomma le Comité d'organisation.
La Ville se prépara à l’événement avec ferveur pour le grand événement qui se déroula à Givisiez.
Comme les tireurs arrivaient par le train pour la plupart, il fut décidé d'embellir la gare par la construction d'un nouveau bâtiment arrondi appelé le Colisée situé à côté de l’ancienne gare (il suffit d'observer la date gravée en chiffres en romains au fronton: MCMXXXIV). La construction fut confiée à un jeune architecte de Châtel-St-Denis, M. Colliard, ancien membre de la Société. Puis, comme les tireurs se rendaient à Givisiez par la rue de l'Hôpital - route du Jura, on décida de construire un pont pour passer par-dessus la voie de chemin de fer afin d'éviter tout accident, ce pont existant toujours et expliquant que la rue de l’Hôpital soit si pentue à sa jonction avec la route du Jura.
Des bassins en béton furent disposés un peu partout en ville; par chance, l’un d’entre eux a pu être retrouvé par hasard dans une ferme du district où elle servait de bassin pour les bovins; il se trouve maintenant sur la place de parc du stand pistolet des Faveyres: comme on le voit, l'événement était exceptionnel et tout était mis en œuvre pour accueillir dignement les Confédérés.
Durant la présidence de Hubert Corboud, de 1952 à 1960, l'activité des cours de jeunes tireurs fut extrêmement intense. Les tireurs actifs à 300m prenaient toujours part, comme section attitrée, aux Tirs historiques de Neuenegg et de Morat.
En 1960, Alphonse Renevey fut élu à la présidence et resta en charge jusqu'en janvier 1973. Sa première mission, difficile à mener, fut la liquidation du stand de tir de notre Société aux Neigles. De la part des acheteurs, l'Etat de Fribourg et les Entreprises Electriques Fribourgeoises, elle reçut l'indemnisation d'environ Fr. 175'000.--.
Dans les années soixante, le tir à air comprimé, à la carabine comme au pistolet, entama son développement. Des concours régionaux, cantonaux et nationaux sont organisés.
C'est dans cette même optique que le nouveau président, Franz Aebischer, en fonction de janvier 1973 à janvier 1994, a continué à travailler. Comme à 300m déjà, les pistoliers et les tireurs à la carabine à air comprimé obtinrent de magnifiques résultats. En 1973, la section 300m se qualifie pour la finale suisse du Championnat de groupe à Olten. En 1974, une délégation prend part aux festivités du 150e anniversaire de la Société suisse des carabiniers à Aarau. En 1977, la section à air comprimé à la carabine connaît une belle vitalité. C'est le fruit du nouveau stand de Ste-Agnès. En 1976, la Société participe aux deux cortèges des fêtes commémoratives de la bataille à Morat et à la commémoration des traités de Combourgeoisie à Genève.
Nos membres et confrères s'engagent aussi dans les fédérations supérieures: en 1983, Hubert Corboud, fut élu à la présidence de la Société Suisse des Carabiniers (devenue Fédération suisse de tir - FST) et en 1999, le Président d’Honneur, M. André Liaudat entre au comité de la FST. De 1988 à 1996, Claude Schrœter présida le Comité de la société cantonal des tireurs fribourgeois (SCTF) tandis que Jean Bulliard présida la société fribourgeoise des tireurs sportifs (SFTS) de 1984 à 1999 tout en assurant un mandat de 25 ans au sein du la Commission de tir de la Société suisse des tireurs sportifs (SSTS, fusionnée aujourd'hui avec la SSC pour former la FST). En 1980, nos confrères, Michel Javet et Roger Schwab sont élus au Comité de la Fédération des sociétés de tir de la Sarine (FSTS) où ils occupent les charges de président et vice-président; plus tard, en 1988 M. Philippe Currat, puis en 1997, M. Pierre-Emmanuel Carrel entreront également au sein du comité de la FSTS.
En 1978, puis en 1993, fut organisé le Tir fédéral en campagne à Corminboeuf/Chésopelloz.
Le premier janvier 1981, notre membre d'honneur et confrère, Laurent Butty, accède à la présidence du Conseil National et de ce fait, à la présidence de l'Assemblée fédérale.
En 1983, la Société de Tir de la Ville de Fribourg, à laquelle se sont jointes la Société cantonale des chasseurs et les collectionneurs d'armes lancent un référendum contre une nouvelle loi cantonale sur les armes et les munitions ; le referendum aboutit et le peuple fribourgeois, lors de la votation cantonal du 26 février 1984, accepta le referendum et rejeta de façon massive cette loi.
Le mercredi 26 janvier 1994, le divisionnaire M. André Liaudat, est élu à l'unanimité et par acclamation à la présidence de la Société. Il resta en charge jusqu'en janvier 2003, M. Thierry Vauthey lui succédant dès 2003.
La Société compte actuellement près de 150 membres et est dotée d’un comité d’une douzaine de personnes organisant les activités des 5 sections, fusil 300m, pistolet 25/50m, fusil air comprimé, pistolet air comprimé, collectionneurs.
Le 500ème anniversaire de la fondation de la Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien
Le samedi 23 janvier 1993, c'est la grande fête de la Société de Tir de la Ville de Fribourg / Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien. Elle fête le 500e anniversaire de sa fondation le 22 janvier 1493. Un événement qui marqua très positivement la fête, fut la représentation du fameux « Jeu des Rois » déjà évoqué. Après cette représentation suivit une messe en la Cathédrale Saint-Nicolas dite par le chanoine et révérend Chapelain, Joseph Grossrieder. Avec la partie officielle en l'Aula Magna de l'Université, en présence de M. le Conseiller fédéral Kaspar Villiger, Chef du Département militaire fédéral, des autorités cantonales et communales, religieuses et militaires, conclue par un banquet à la Mensa de l'université, cette journée entra dans l'histoire de la Société de Tir de la Ville de Fribourg.
L'évolution des noms de la Société et ses fusions
1493 à 1820
Confrérie des tireurs de Saint- Sébastien
1820 à 1847
Société des tireurs de la Ville de Fribourg
1847-1891
Société des carabiniers de la Ville de Fribourg, Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien
1870
Fusion avec la Société de tir de Campagne « La Mottaz »
25 mars 1891
Assemblée générale: révision des statuts et nouvelle dénomination encore actuelle: Société de Tir de la Ville de Fribourg /Confrérie des tireurs de Saint-Sébastien
1920
Fusion avec les Sociétés "Jeunes Patriotes" et "La Sentinelle"
1921
Création d'une section pistolet
1968
Création d'une section fusil et pistolet air comprimé
1995
Création d'une section collectionneurs
Bibliographie et sources
• Archives de la Société de Tir de la Ville de Fribourg
• Vasella Oskar; Das Freiburgische Schützenwesen
• Journal de fête du Tir fédéral Fribourg 1934/Offizielle Festzeitung des Eidg.Schützenfestes 1934
• Comte Louis, Dr.méd.; 1824-1924 Société suisse des carabiniers
• Dessonnaz A; 1905-La Société de Tir de la Ville de Fribourg Journal de fête du Tir cantonal 1905 à Fribourg
• Büchi Albert, Dr.prof; L'art du tir et les fêtes de tireurs à Fribourg
• Journal de fête no 3 du Tir cantonal 1905
• Rapports annuels de la Société de Tir de la Ville de Fribourg
•Maradan Evelyne; 1992; La Société de Tir de la Ville de Fribourg de 1920 à 1970; Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg
• Corboud Hubert; La Société de Tir de la Ville de Fribourg au XXe siècle
• Cordonnier Pierre-André; La Société de Tir de la Ville de Fribourg de 1848 à 1914
• Aebischer Franz; 1993; La Société de Tir de la Ville de Fribourg,d'un président à l'autre; 1973 à 1994
Reliques de Saint Sébastien
Trésor de la Cathédrale
St-Nicolas de Fribourg
Autel central de la Cathédrale
St-Nicolas de Fribourg
lors de la fête de la St-Sébastien